Maxime Blanchet

A peine débarqué de Guadeloupe pour rejoindre mon poste de prof de Lettres à Cognac, au début des années 80, j’ai été assailli par la ronde infernale des tronçonneuses qui saignaient, par endroits, le paysage charentais : des remembrements parcellaires agricoles s’annonçaient dans plusieurs communes du rouillacais et les agriculteurs anticipaient ces «réaménagements fonciers» en faisant disparaître des kilomètres de haies jugées inutiles ou, dans le meilleur des cas, pourvoyeuses d’un bois que l’éventuel nouveau propriétaire ne pourrait récupérer!
J’avais en mémoire, de par mes origines bretonnes, le texte d’une chanson de Gilles Servat qui interpellait « l’ingénieur du remembrement » en lui demandant « pourquoi tant d’acharnement à vouloir que tout on arrache? » et qualifiait les tronçonneuses de «bulldozers individuels»; mais c’était dans les années soixante-dix et je croyais que 10 ans plus tard, on avait tourné la page. J’ai donc pris contact avec Charente Nature, et c’est de ce moment que date mon engagement pour la protection de l’environnement et plus particulièrement des espaces boisés.
Quelques années plus tard, l’aménagement de la Nationale 10 en 2 fois 2 voies provoquait l’inquiétude de riverains, d’associations de randonneurs, de rares agriculteurs du sud Deux-Sèvres et du nord Charente. La convergence des préoccupations aboutissait en 1989 à la création de l’association Prom’haies. Et c’est donc tout naturellement que je rejoignais, pour Charente Nature, le conseil d’administration de cette nouvelle association.
30 ans après, des milliers de kilomètres de haies ont été replantés sur le territoire régional, mais au-delà des discours officiels qui célèbrent les aménités de la haie, on assiste encore à la disparition massive de linéaires boisés. Ainsi, en Corrèze le long des routes départementales et, dans le bocage de Charente limousine où, au fur et à mesure que les cultures céréalières remplacent l’élevage, on supprime d’abord la strate arbustive, puis, ce qui reste (l’alignement d’arbres) ne bénéficiant d’aucune protection, on peut en toute impunité procéder aux arrachages de chênes centenaires !
C’est maintenant au sein de FNE-NA que Promhaies en Nouvelle Aquitaine souhaite contribuer à la protection de la nature et de l’environnement (dans le respect de l’article 1 des statuts de FNE-NA).
Maxime Blanchet est administrateur de FNE NA au titre de Prom’Haies en Nouvelle-Aquitaine et personne ressource pour la forêt.
Témoignage recueilli en février 2020