Les chiffres du Recensement Général Agricole 2020 qui viennent de paraître sont éloquents : la surface agricole utile diminue, mais la part de surface agricole utile irriguée augmente, partout, dans toutes les régions.
Toutes les régions n’observent pas les mêmes tendances, mais aucune d’entre elles ne voient leur surface irriguée diminuer.
Chiffres 2020 sur l’irrigation : moins de surface agricole mais plus d’irrigation
Selon les chiffres du Recensement Général Agricole 2020, l’irrigation a augmenté dans toutes les régions de France. En France métropolitaine, on constate une augmentation de 14 % de la surface agricole utile irriguée entre 2010 et 2020. Certaines régions déjà en grand déficit hydrique augmentent ainsi la pression sur leurs ressources. Et ce, alors même que la surface agricole utile (SAU) a diminué de 3.46% sur la même période.
Même en Nouvelle-Aquitaine, région déjà très gourmande en irrigation avec un volume de prélèvement parmi les plus élevés (574 millions de m3 en 2019 d’après la BNPE), l’irrigation a augmenté de 2,79%.
La double particularité de l’usage irrigation est qu’il est concentré sur l’été, c’est-à-dire durant les mois où la ressource est la moins disponible, et que l’eau prélevée ne retourne pas dans les milieux aquatiques, comme c’est le cas par exemple des prélèvements eau potable, puisqu’elle est utilisée par les cultures arrosées. Ces prélèvements ont donc un impact beaucoup plus fort sur une ressource en eau fragilisée, et pour cela ils doivent être gérés dans un cadre collectif, inexistant dans de nombreux territoires.
Face aux sécheresses sévères, la protection de la ressource en eau s’anticipe
La sécheresse actuelle est aussi sérieuse qu’elle était prévisible, dans un contexte de changement climatique et d’aggravation des phénomènes météorologiques extrêmes. Dès qu’un manque de précipitations hivernales survient, comme ce fut le cas début 2022, nous nous retrouvons face à une situation précaire vis-à-vis de la ressource en eau. C’est une mise en tension pour les milieux : étiage voire assec, hausse des températures du peu d’eau restant, refuge des espèces mobiles dans des annexes quand c’est possible, sensibilité accrue à la moindre perturbation. C’est une mise en tension de tous les usages, que ce soit pour l’eau potable, le refroidissement des centrales nucléaires, la production d’hydroélectricité, de nombreuses productions économiques et bien sûr l’agriculture. Sur chaque territoire, l’eau est une ressource en partage entre usagers, qui doit être gérée collectivement dans le respect des milieux aquatiques et des limites du territoire.
Surtout, FNE Nouvelle-Aquitaine rappelle qu’une vraie prévention des sécheresses se prépare en amont, et non au moment de la crise. La réponse de long terme se situe dans les choix des politiques publiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, dont la politique de l’eau et des milieux aquatiques.
La sobriété est la seule voie vivable
La sobriété doit devenir un réflexe quotidien, sur les plans personnel comme professionnel : habitation, déplacements, habillement, consommation alimentaire, énergétique, numérique… interrogeons nous sur notre « empreinte eau ».
Elle doit en outre s’accompagner d’un ensemble de solutions fondées sur la nature : préservation et reconquête des milieux aquatiques et zones humides, désimperméabilisation et restauration des sols qui permettent de ralentir le cycle terrestre de l’eau douce, agroécologie et valorisation des haies, arbres ou bosquets qui temporisent le vent, l’effet du soleil et l’érosion des sols. Ces solutions contribuent au stockage de l’eau dans les sols et les nappes phréatiques et permettent d’assurer une meilleure disponibilité de la ressource, sans avoir à la stocker dans des infrastructures artificielles où l’eau s’évapore.