« A la découverte des trames » : la Trame Noire

La notion de Trame noire vient compléter celle de Trame verte et bleue qui a été envisagée essentiellement du point de vue des espèces diurnes. La Trame noire est ainsi au carrefour des enjeux d’aménagement du territoire, de préservation de la biodiversité et d’économies d’énergie. Si pendant longtemps, l’éclairage nocturne était considéré comme nécessaire car synonyme de sécurisation notamment des mobilités des personnes, aujourd’hui la pollution lumineuse, souvent excessive pose de sérieux problèmes.

Pour rappel, la pollution lumineuse est entendue comme les effets néfastes d’un éclairage artificiel excessif. C’est un phénomène préoccupant et aux multiples enjeux. Tout d’abord, la pollution lumineuse entraîne une perte de ciel nocturne. Elle contribue aussi au gaspillage énergétique. En effet, l’énergie consommée par l’éclairage public représente en moyenne 41% des consommations d’électricité des collectivités territoriales et 16% de leurs consommations toutes énergies confondues. Mais surtout, elle a de forts impacts sur le vivant. Entre effets d’attraction, de répulsion, effets physiologiques et perturbations environnementales, la pollution lumineuse demeure l’un des facteurs de la destruction de la biodiversité. Par exemple, les oiseaux et les insectes nocturnes se repèrent et s’orientent en fonction des étoiles ou de la lune. Ils sont attirés par ces sources lumineuses artificielles et perdent leurs repères. Au contraire, d’autres espèces comme les chauves-souris fuient la lumière, et ces installations constituent pour elles des barrières quasiment infranchissables qui fragmentent leur habitat. La pollution lumineuse contribue donc à la fragmentation de l’habitat des espèces nocturnes et contribue à la perturbation de leurs comportements, de leur reproduction et de leur migration. Elle impacte aussi les humains et notre rythme biologique lié à l’alternance du jour et de la nuit.

Or sa prise en compte demeure encore insuffisante et prise en compte, notamment dans les réflexions d’aménagement du territoire et dans les projets d’urbanisme, alors même qu’une réglementation existe en la matière (arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses). Ce pourquoi face à cela, le concept de trame noire fut créé. Il s’agit alors réseau fermé de corridors écologiques caractérisé par une certaine obscurité, nécessaire pour le maintien de la biodiversité nocturne, directement impactée par la pollution lumineuse. Elle est donc essentielle au développement des espèces.