Feux en Gironde : un exemple classique du changement climatique

En ce mois de juillet, la Gironde a connu deux mégafeux, ayant détruit plus de 20 000 hectares de végétation aux alentours de la Teste-de-Buch et de Landiras. Environ 40 000 personnes ont été évacuées.

Ces feux se situent tous les deux sur le même territoire, mais il s’agit en réalité de deux forêts bien différentes. En effet, la Teste-de-Buch demeure une forêt historique dont l’existence était déjà attestée à l’époque romaine et abrite des arbres pluri-centenaires. Appelée « Grande Montagne », elle était un lieu riche en biodiversité, témoin de deux mille ans d’interactions entre nature et activités humaines. Son paysage constitué de reliefs boisés, la variété de ses espèces d’arbres, les vestiges de l’ancienne activité résinière en faisait un lieu exceptionnel. Cette forêt disposait du statut de forêt usagère, une forêt originelle qui se régénère naturellement depuis des siècles, ce qui empêchait son exploitation économique. Elle était par ailleurs la seule forêt naturelle de grande importance dans les Landes de Gascogne. Il demeure donc essentiel de la laisser par la suite se régénérer, et de ne pas y planter une monoculture de pins.

La deuxième forêt, celle où le feu à pour l’instant fait le plus de dégâts, réside dans un paysage classique des Landes de Gascogne. Une forêt monospécifique, majoritairement composée de pins maritimes, des espèces résineuses extrêmement inflammables. Une activité certes lucrative, mais qui demeure le terreau favorable au développement rapide de brasier. A l’inverse, une forêt diversifiée demeure un pare-feu efficace, favorise la biodiversité et permet de conserver l’humidité des sols. Autre bémol, la majorité de la forêt des Landes est plantée de manière continue, les arbres s’enchaînant sur des kilomètres, offrant un chemin sans barrière aux flammes. La monoculture, qu’elle soit en agriculture ou en sylviculture a déjà montré ses faiblesses, le développement rapide de cet incendie ne fait que prouver ses limites. Cela est problématique dans la mesure où près de la moitié de la forêt française serait constituée de peuplements monospécifiques, soit 7.5 millions d’hectares selon l’ONF.

Si le lien avec monoculture et feux de forêt a été montré au travers des épisodes de feux en Gironde, celui avec le changement climatique est plus qu’évident. Les deux feux en se sont développés dans un contexte climatique particulièrement chaud, où sécheresse et canicule se consolidaient. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls sur le territoire français, d’autres feux s’étant déclenchés dans les Bouches-du-Rhône ou encore en Bretagne. Or il a été prouvé que le changement climatique allait engendrer et engendre déjà plus d’incendies parce qu’il conduit à un asséchement des sols et de la végétation. Il affecte également la résilience des forêts, à savoir la capacité d’une forêt à rebondir et revenir à un état stable après une perturbation, telle qu’une sécheresse ou un incendie.  Le modèle de forêt diversifié apparaît donc essentiel pour améliorer cette résilience et limiter ces phénomènes extrêmes qui s’accentuent, ce qui appelle à des décisions majeures en matière de politiques économique, environnementale et sociale