Les gaulois, c’est bien connu, tombent dans un chaudron de potion magique. Dans le mien, la potion avait la magie de nature libre et sauvage. Il a suffi de la vivre en suivant ses aspirations et en tentant de les conjuguer avec famille et travail. Rude exercice.
Originaire d’Ile-de-France, c’est avec l’association NaturEssonne que la magie s’est concrétisée en engagement associatif. Partant du principe datant de 1985 « Connaître pour mieux gérer » et de la nécessité de laisser des espaces de nature dans un département en proie à l’occupation et à la simplification de l’espace, l’inventaire des milieux naturels et d’espèces emblématiques a été initié et réalisé, afin de développer des stratégies de protection impliquant la DRAE (nom de l’époque des actuels DREAL) et le conseil général de l’Essonne. Arrêtés de Biotope, animation de sites Natura 2000, LIFE pelouses sèches, action foncière CEN, politique ENS ciblée, ont constitué des satisfactions, quoique insuffisantes pour empêcher la disparition de l’outarde canepetière, malgré de premières mesures agro-environnementales en agrosystème. Trop tard.
Longtemps aussi, l’association des naturalistes orléanais m’a accueilli pour animer la « Commission cerf ». Ma passion pour la grande faune sauvage militait pour que sa chasse « ne fasse pas violence aux lois naturelles », en se calquant sur la prédation naturelle. Des périples entre passionnés aux marges de l’Europe, quand existait encore le « mur », nous ont permis, là où la nature sauvage faisait rêver, de côtoyer l’ours, le loup, et le lynx en articulation avec sa réintroduction dans les Vosges. Traditionnellement, depuis 40 ans, le brame du cerf m’invite à une retraite monacale perdue dans le vivant sauvage.
De l’Essonne, Paris n’est pas loin avec le siège de FNE. J’en suis resté administrateur de 2001 à 2018, où il fut temps de passer le relais après des années trépidantes, notamment au réseau nature devenu biodiversité. En 2007, avec le Grenelle de l’environnement, nous avons « marché sur l’eau », en étant écoutés et adoubés. J’y ai porté le projet de « Réseau écologique national », devenu au fil de débats passionnés, « Trame verte et bleue », ainsi que la « Stratégie de création d’aires protégées », en réussissant à poser l’objectif de passer leur surface de 1 à 2 % en 10 ans. Autant de satisfaction du moment dans l’obtention de ces avancées sur deux sujets majeurs, auparavant inexistants, mais dont la réalisation aujourd’hui régresse, alors que jamais leur pertinence n’est autant d’actualité. Triste constat.
A partir de 2009, j’ai représenté FNE au CNPN, et été élu secrétaire du comité permanent de l’époque sous la présidence de l’émérite JeanClaude LEFEUVRE. Des dossiers militants de FNE, j’ai découvert leur instruction administrative. Riche expérience où j’ai été entraîné à instruire des dossiers d’aires protégées, une de mes marottes, comme les projets de parcs nationaux de Guyane, des Calanques, et dernièrement celui de Forêt de Plaine, et aussi nombre de projets de PNR, avec les Corbières, le Doubs Horloger…, et actuellement le Comminges, ainsi que de plans de gestion de réserves naturelles, comme celles de Kaw en Guyane, de Ristolas dans le Queyras, … Nouvelle expérience pour appréhender la diversité des territoires et de leurs acteurs et pour soutenir l’apport des aires protégées à leur distinction et à leur valorisation.
L’envie de changer d’horizon nous ont amené en 2011 à poser nos valises dans le Médoc. J’y ai retrouvé avec plaisir la SEPANSO, dont Pierre DAVANT, avec qui j’avais partagé des réunions nature de FNE et une mission CNPN dans les Gorges de la Sioule en 2008. La forêt landaise ne m’était pas inconnue, avec les réserves du marais d’Orx et du banc d’Arguin, et les PNR du Médoc et de la forêt des Landes de Gascogne. Actuellement, je suis secrétaire adjoint de la SEPANSO Aquitaine.
Et FNE NA dans tout cela ? Dès 2015, j’ai soutenu sa création pour regrouper Poitou-Charentes Nature, Limousin Nature Environnement et la SEPANSO Aquitaine. La confédération FNE NA constitue une vraie réussite, qui a surpassé des diversités, dont il faut collectivement s’enorgueillir. Soyons en reconnaissants à ses acteurs de la première heure et des suivantes.
A FNE NA, je tente, actuellement, de conjuguer les rôles de secrétaire et de référent biodiversité. Vaste pari dans une région trop vaste, où il faudrait renforcer les déclinaisons territoriales. L’arrivée attendue et espérée d’un(e) coordinateur(trice) constituera une avancée majeure pour FNE NA, en termes de reconnaissance et d’efficacité. Espérons.
Concernant la biodiversité, nous avons réussi, soutenu par le CA, avec Michel HORTOLAN, suite aux sollicitations des associations naturalistes rassemblées à FNE NA, qui avaient d’emblée perçu l’intérêt d’une structure fédératrice, à organiser le portage par FNE NA de programmes naturalistes régionaux. Une procédure sur base conventionnelle a été imaginée, instituant la répartition des responsabilités et des tâches, organisant les attributions budgétaires et confortant la solidarité fédérale. Actuellement, depuis 2017 ce ne sont pas moins de 17 programmes régionaux qui sont menés ou réfléchis. Un motif de satisfaction pour FNE NA, et de reconnaissance des grands acteurs publics, Etat et Région, avec leur bénéfique soutien.
La création de FNE NA a été attendue et saluée par la Région en l’État en Nouvelle-Aquitaine, afin de disposer d’un interlocuteur associatif d’ampleur régionale sur l’environnement, et voulue par la communauté de la famille FNE. Faisons tous en sorte que cette présence soit confortée et renforcée, et aussi soutenue et entendue par les acteurs publics et privés, face aux enjeux devant nous, où il va nous falloir revoir rapidement notre cohabitation avec la diversité biologique et lui laisser la place qui est la sienne pour notre survie commune.
Serge Urbano, secrétaire et référent biodiversité de FNE NA.
Témoignage recueilli en mai 2020